東京マラソン

Des souris en cage

Marathon moderne –
Autrefois il s'agissait
D'alerter la ville

Décapsuleur

Fourneaux de rupin –
Quelque part dans le château
Un âne est pendu

Journaux du matin –
Quelque part dans le métro
Un homme éternue

Chaussettes

De l'ombre arraché
Il s'apprête à discourir –
Le pieux policier

D'un membre amputé
Il s'apprête à refleurir –
Le vieux cerisier

キムチ

Des cœurs de palmier –
Quelque part dans l'écuelle
Deux bateaux s'emplâtrent

Des fleurs de prunier –
Quelque part dans la ruelle
Deux oiseaux folâtrent

Biscuit

Sifflets à l'usine –
Où vont rêver les enfants
Broyés pour la vie ?

Reflets en vitrine –
Où sont allés les passants
Piégés par la pluie ?

Plongée dans l'abime

地下学

Plongée dans l'abime –
Le silence du métro
À l'heure de pointe

Cage à oiseaux

Des cris de détresse –
Des patients pour contester
Le flop des bassines

Retrait en espèces –
Des clients pour écouter
Le bip des machines

Quand le ciel est gris

Les néons sont en fleurs

Quand le ciel est gris
Les regards sont attirés
Par tout ce qui brille

Parapluie

Forêt de soupières –
Un dédale malfamé
S'étend sous la peau

Trouées de lumière –
Les pétales du prunier
S'échouent sur les flots

Guide touristique

Sursaut de planctons –
De la vase héréditaire
Le saurien émigre

Surplus de béton –
De la base militaire
Le gardien malingre

Disjoncteur

Festin en plein air –
Des points noirs sous leur spatule
Les morts s'empoussièrent

Onsen en hiver –
Du poids mort de leur costume
Les corps se libèrent

Les mêmes idoles

Les mêmes idoles
Pour des millions d'habitants –
Au loin des nuages

Du vide à revendre

10¹⁰⁰

Du vide à revendre
Des écrans pour oublier
L'ennui d'être soi

Manuel scolaire

Le gardien phtisique
A récité ses refrains
Brisant les baignoires

Le jardin public
A retrouvé ses parfums
Grisant les mémoires

Bouteille

Faisans à la traîne –
Un dégradé de plumages
Au fond du tiroir

Clients à la chaîne –
Un défilé de visages
Le long du comptoir

Averse hivernale

Averse hivernale –
Ce matin devant la porte
Un premier pétale

Projecteur

La chair sans sommeil –
Ce qui peut bien se draper
Dans les autres fêtes

L'hiver sans soleil –
Ce qui peut bien se tramer
Dans les autres têtes

La lune a l'air fausse

La lune a l'air fausse –
D'une avenue sans trafic
L'inquiétant silence

Cuvette

Le flanc droit du père
Fait sourciller les bagnards
Nichés sous leur âne

Le vent froid d'hiver
Fait vaciller les vieillards
Juchés sur leur canne

吸煙機

Sentier consternant –
Le futile implant béant
Cuit comme un brochet

Quartier commerçant –
Le nouvel écran géant
Luit comme un trophée

Même les canards

Dimanche

Même les canards
Font la grasse matinée –
Fraîcheur hivernale

Pot de fleurs

Du blé sous un casque –
Les irradiés au crin blanc
Ont des bœufs placides

Le nez sous un masque –
Les passagers aux écrans
Ont les yeux avides

Quand parfois le ciel

Ne pas déranger

Quand parfois le ciel
Devient un grand paravent
Posé sur la ville

Écharpe

Où maigrit le sol –
Dans des cadrans de coton
De grinçants greniers

Où fleurit la tôle –
Dans des carcans de béton
De fringants pruniers

Bouilloire

Coulée de groseilles –
Les parachutés vont boire
Au sein maternel

Coucher de soleil –
Les publicités font croire
Au pain éternel

Courrier

La dune de fer –
Les gueules borgnes gémissent
Au son du matin

La lune d'hiver –
Les feuilles mortes périssent
Au fond du jardin

節分（2）

Vieillissement

Setsubun ce soir –
Les démons durs de la feuille
N'ont pas à s'en faire

Écran

Ni nombre ni flair
Ni saumâtre ni polaire –
Sonotone en fer

Ni sombre ni clair
Ni grisâtre ni solaire –
Monotone hiver

Panneau d'affichage

L'amer dans l'agrume –
Les douleurs ont bien du mal
À lâcher les rênes

L'hiver dans la brume –
Les couleurs ont bien du mal
À rester les mêmes

縄文時代

L'hiver sur l'écran
À chasser l'insaisissable
Ennui rugissant